Quand la voiture sans permis elle a fini dans le fossé
Des "Je me souviens" appliqués a la bagnole
Quand on partait en vacances tôt le samedi matin / matin froid la voiture chargée la veille au soir avec les chaussures vertes en métal impressionnantes très lourdes les chaussures de ski de mon père inremuables on s'allongeait par terre à tour de rôle c'était une autre époque les années 80 la ceinture à l'arrière n'était pas imposée on partait en vacances
Quand sur la route de Landeronde mon père m'a expliqué l'histoire des plein phares / feux de croisement car j'étais intrigué par ce bruit régulier qu'il produisait de temps en temps avec la manette à côté du volant et aujourd'hui encore moi conducteur j'aime être exemplaire au niveau de la gestion de ces deux modes de phares et m'interpellent ceux qui n'ont pas cette maîtrise / par ailleurs je mets un point d'honneur lorsque je double la nuit point d'honneur à passer en pleins phares quand je suis au niveau de la voiture doublée et j'apprécie que celle que je dépasse au même instant bascule en feux de croisements / aussi beau qu'une parade un canon mais un spectacle qui n'est là que pour les automobilistes concernés et à la rigueur leurs passagers s'il y en a / et s'ils y sont sensibles mais comment ne pas l'être
Quand on partait surfer sur le scooter de Julien moi les deux bodyboards dans le dos une housse trop petite la housse prenait au vent et c'était long 37 kilomètres comme ça et en secret des parents car en effet on n’était pas sérieux la 4 voies / en scooter à 14 ans
Quand la mère d'Antoine B nous emmenait au judo le mercredi après-midi sa voiture une petite Mazda nerveuse ou c'était elle qui l'était nerveuse elle accélérait jusqu'à stopper net au feu rouge et alors elle disait quelque chose elle était orthophoniste mais je n'écoutais guère me remettais d'aplomb me remettais de ma surprise / un tour de grand huit la bonne sœur en 2 CV dans la montagne terrorisé parfois l'un des ressorts du siège me chatouillait une cuisse
Quand Didier T le père de Jérémy T nous emmenait au match Didier l'entraîneur et Jérémy mon ami étrange ils avaient une Alpha Roméo à l'intérieur la musique était toujours très forte Didier chantait en conduisant très vite / s'il chante au moins c’est qu’il n'est pas en train de gueuler sur le bord du terrain / c'est déjà ça une fois il a chanté avec Alain Souchon jusqu'au bout la chanson le grésillement croissant de la radio c'était une autre époque le RDS n'existait pas il a laissé la chanson le tube n'était plus qu'une sorte de neige inaudible et le volume à fond personne dans la caisse ne semblait s'étonner de cet acharnement et dans cet habitacle au milieu des collines un dimanche matin on allait au match enfin il s'est décidé à zapper
Quand j'ai réveillé mon père qui s'était endormi au volant je lui ai tapoté doucement sur l'épaule en disant eih papa il s'est réveillé en sursaut tous on aurait pu y passer c'était la nuit on rentrait de vacances / Jacques mon père a fini par se garer devant un terrain de football et on est repartis le lendemain matin comme des forains
Quand la Nissan Micra de ma maman sans fioriture un volant avec des bosses ergonomiques de l'increvable c'était une autre époque après je l'ai récupérée merci maman ma première voiture on est allés jusqu'en Espagne avec Julien dormi dedans sièges très faciles à incliner mode surf ne pas manger pas se laver pas ranger à la fin du sable partout les combinaisons humides les palmes envolées brioche rassie mélangée aux chaussettes sales / orphelines il est temps de rentrer dans nos lotissements renouer avec la salle de bain le fer à repasser la viande les frites et maman l'oreiller la perspective de l’année universitaire / continuez octobre avait sonné
Quand la Renault 21 Break elle sentait le fromage quand le chargement était fait depuis la veille au soir on partait en vacances les produits frais dans la glacière désagréable odeur pas vraiment le fromage au très petit matin on partait en vacances joie / en même temps les engueulades propres aux départs pour quinze jours l'inventaire des choses oubliées mal rangées introuvables le sac en trop et au dernier moment toujours le détail intrigant le vanity sous les pieds de maman son eau de toilette verte la mousse à raser le savon à la vanille et les disques de coton où est l'ouverture les brosses à dents dans des étuis en plastique où est l'ouverture enfin le bruit rassurant de l'autoroute et si les choses se présentent bien une petite musique dans la nuit
Quand mon père s'est énervé quand ma mère rigolait en écoutant le sketch L'addition de Muriel Robin dans les embouteillages à Lyon / il disait qu'il ne comprenait pas pourquoi elle en rigolait encore alors qu'elle le connaissait par cœur ce sketch car figurez-vous qu'on avait la K7 la K7 audio de Muriel Robin en boucle c'était une autre époque les K7 à rembobiner et Muriel Robin à l'Olympia
Quand en conduite accompagnée près de la Souterraine dans la Creuse mon père m'a approuvé quand je me suis laissé doubler par une voiture / une Citroën Saxo / cinq jeunes dedans sortant de discothèque me suis laissé doubler car ils me collaient au cul avec leur pleins phares et nous éblouissaient et alors à mon tour je les ai collés et leur ai balancé des pleins phares à ces blaireaux / visages surpris à ceusses des sièges arrières ah mon père m'a approuvé c'était chouette puis maman a dit arrêtez maintenant
Quand un assassin a pilé pile devant nous sur l'autoroute / assassin c'est ce qu'a dit ma mère très en colère depuis dix minutes mon père essayait de le doubler ce connard et personne ne se laissait faire cet assassin quand on a fini par le doubler il nous a fait des doigts d'honneur il avait des cheveux blancs on aurait dit un vieux beau avec un visage noir on notera aussi une chemise suspendue à un cintre ce devait être un représentant en chaussettes ce connard
Quand Eric a tapé sur le toit du camion d'Adama pour lui faire croire que ça avait foiré son passage sous la barrière et comment on a tous éclaté de rire c'était le tour du Sénégal c'était la route goudronnée le long du fleuve et de temps en temps à gauche ou à droite le départ d'une piste de terre / orange et cailloux souvent des nids de poule des vendeurs de mangues d'arachide un étal de fortune des troupeaux de zébus en travers de la route les bergers peuls des ânes des village fumant et des buissons rares des épineux
Quand j'ai rayé la voiture de mon beau-père au niveau du coffre tu parles on voyait rien mais pour lui mon beau-père les voitures c'est un vrai sujet de conversation il connaît les rubriques du magazines Auto-Moto et il a un portail électrique le coffre était ouvert et quand j'ai actionné le portail ça a rayé le coffre comment j'étais gêné il faut dire je n'étais pas son gendre depuis longtemps il devait se dire j'ai touché le gros lot maintenant ça va mieux il me remonte du whisky d'Andorre et des canettes de San Miguel à Noël / ils vivent en pays catalan et dans leur Super U à Prades ils ont la chance de pouvoir trouver de cette bière la San Miguel normalement on n’en trouve qu'en Espagne mais dans leur Super U y’en a c’est une chance j’attends Noël avec joie
Quand mon père a reculé à toute berzingue et qu'il avait oublié qu'il avait la remorque comment il s'est fait embouter lui tout seul et comment il a menti à Claudie ma mère en disant que ça s'était produit sur le parking Leclerc et comment ma mère a dit que les gens étaient vraiment des lâches / c'était bon de voir mon père me faire un clin d’œil comme un gamin échappé de la Guerre des boutons
Quand on a fait Dakar / Thiès sous la pluie battante dans une voiture qui n'avait pas d'essuie-glace en tractant une voiture qui n'avait plus de phares et la nuit maintenant tombée car 5 heures de bouchon au sortir de Dakar comment tout le monde à l'arrivée a remercié Allah d'être toujours en vie s'est serré dans les bras comme si on revenait des 50èmes hurlant simplement non c'était le Sénégal en pleine saison des pluies et la nuit tombée tôt joie d'être en vie
Quand on est partis avec Félix jusqu'au festival Paroles de conteurs à Vassivière en Limousin une pause sous un grand chêne après Poitiers c'était très simple très silencieux le saucisson les olives vertes et pareille à une colchique la Nissan Micra rouge / j'aimerais bien savoir ce qu'elle est devenue ma première bagnole
Quand j'ai su que mon grand-père qui était le père de mon père et que je n'ai jamais connu quand j'ai su qu'il était mort dans un accident de voiture ou plutôt qu'il avait été fauché par un camion qui arrivait sur les lieux d'un accident que mon grand-père Camille qui était gendarme qui était motard / que mon grand-père était en train de sécuriser et il est mort et ma grand-mère Madeleine m'a montré la photo son corps étendu sur l'asphalte pareil aux contours à la craie et aujourd'hui dans son salon à Mamie Madeleine il y a la photo de Camille que je n'ai jamais connu debout devant sa moto son casque à la main fier et toujours debout dans l'angle mort de nos vies à ma famille
Quand ma maman a eu son accident elle avait 19 ans et pas encore d'enfant elle a vu la mort elle dit elle a vu le long couloir la lumière au bout elle dit que c'est vrai ce qu'on dit de la mort que / l'autre jour on m'a montré les lieux j'ai vu l'arbre ou le mur on n'était plus trop sûr c'est pour ça que quand la voiturette elle a fini dans le fossé ça l'a mise en rogne elle a dit mais regardez-moi cette / dans le fossé elle a klaxonné le klaxon dans les oreilles